Connexion

Connexion à votre compte

Identifiant
Mot de passe
Maintenir la connexion active sur ce site

 

Connu depuis les années 1920, le site archéologique de La Reynie intrigue depuis longtemps habitants et chercheurs. Après une première étude en 20051, par Jean-Lucien Couchard, le Pays d'art et d'histoire Vézère Ardoise, en partenariat avec le Service Régional de l'Archéologie, la commune de Louignac, la Communauté de Communes du pays de l'Yssandonnais (propriétaire du site jusqu'en 2014) et la Communauté d'Agglomération de Brive, y a mené en 2013 et 2014 deux campagnes de sondages archéologiques qui avaient pour objectifs de déterminer la nature et la datation du site. Elles furent également le support de deux stages d'initiation à l'archéologie auxquels ont participé plus d'une dizaine d'adolescents. L'étude des données de fouille étant en cours, le présent article ne propose qu'un premier bilan.

Situé sur une butte, à la confluence de deux cours d'eau, le site de La Reynie, se caractérise par une demi-douzaine de cuves taillées dans du grès rouge et dispersées en plusieurs groupes. Interprétées dans un premier temps (en 1923), par les habitants de la commune, comme des « sépultures gallo-romaines », le caractère médiéval de celles-ci semblent aujourd'hui bien établi. Dans l'étude publiée en 2005, Jean-Lucien Couchard proposait ainsi deux hypothèses : le site serait une carrière de sarcophages ou un cimetière. Les récents sondages devaient par conséquent permettre de mieux comprendre le site et de confirmer ou infirmer ces interprétations.

Le premier objectif était de dégager complètement les cuves déjà connues et de les documenter, c'est-à-dire en faire des relevés complets et à l'échelle, les photographier, les mesurer et, enfin, repérer les traces d'outils. Cette étude doit permettre de comprendre les méthodes de taille et d'établir une typologie. Il s'agit d'une sorte de catalogue recensant toutes les cuves et leurs caractéristiques (dimensions, formes, orientation, traces d'outils). Ces données pourront ensuite être comparées avec d'autres cuves découvertes dans la région ou en France. Le second objectif était de voir si d'autres cuves avaient été creusées.

Ainsi, ce sont cinq cuves2 trapézoïdales à panneau de tête arrondi et à panneau de pieds droit qui ont été recensées (photo). Plusieurs fragments d'un ou de plusieurs sarcophages ont également été mis au jour (photo). Chaque cuve est creusée dans un bloc de grès isolé des autres par des tranchées naturelles ou anthropiques. Des traces d'outils linéaires et punctiformes (en forme de points) ont été repérées sur les parois internes des cuves. La cuve C07, située en bordure du site, présente la particularité d'être partiellement taillée sur deux de ses parois externes, ce qui a amené les fouilleurs à penser qu'elle pouvait être destinée à l'extraction (photo 1). Celle-ci aurait néanmoins été interrompue pour des raisons encore indéterminées.

La campagne de 2014 a permis de mettre au jour une zone d'extraction d'un bloc de grès de 2,30 m de long sur 1 m de large (photo). Les traces d'outils repérées sur les parois de cette zone permettent d'avancer des hypothèses quant à son extraction : des tranchées verticales ont été creusées autour du bloc ainsi qu'une tranchée horizontale sous le bloc. Puis des coins (probablement en fer) ont été insérés sous le bloc, dans la tranchée horizontale, afin de faire éclater la pierre et détacher le bloc. Quatre encoches ont en effet été repérées sur le fond de la zone (photo). L'usage du bloc extrait reste toutefois inconnu : il pourrait être destiné à la réalisation d'un sarcophage (ses dimensions correspondent en effet aux plus grandes cuves, à savoir 1,90 m de longueur sur 0,90 m de large) ou servir dans la construction d'un bâtiment.

On le voit, déterminer la nature exacte de ce site est complexe. L'hypothèse du cimetière n'est pas exclue : il peut en effet s'agir d'une « nécropole de plein champ », c'est-à-dire un espace où ont été enterrés quelques individus – peut-être d'une même famille – à l'écart de l'habitat. Les éléments découverts en fouille peuvent également abonder dans le sens d'une carrière de sarcophages (fragments de sarcophages, cuves partiellement taillée en vue de son extraction, zone d'extraction d'un bloc). Enfin, il est aussi vraisemblable que le site ait vu les deux fonctions (cimetière et carrière) soit en même temps, soit qu'elles se soient succédées dans le temps.

En l'absence de mobilier, la datation du site reste partielle. Qu'il s'agisse de monnaies ou de céramique, les objets découverts en fouille sont autant des témoins de la vie sur place que des éléments précieux pour la datation. Une autre méthode de datation utilise la comparaison entre les sites. Ainsi, la forme des cuves de La Reynie est similaire à celles que l'on rencontre au début du Moyen Age, autour des VIe et VIIIe siècles, dans la région. Quant à la zone d'extraction, nous ne pouvons à l'heure actuelle proposer de datation : elle peut tout aussi bien être antérieure aux cuves, contemporaine ou postérieure.

1 J.-L. Couchard, « Les sarcophages de La Reynue Haute, commune de Louignac », Bulletin de la Société Scientifique, Historique et Archéologique de la Corrèze, t. 126, Brive, 2006, pp. 19-32

2 On préfèrera le terme de cuve à celui de sarcophage car ce dernier désigne un « contenant mobile ».

 

 Texte rédigé par Julie Duponchel

Un petit sujet autour des fouilles sur le site de la Reynie, par  le Pays d'Art et d'Histoire Vézère Ardoise

bandeau4

Copyright©2017 Mairie de Louignac - Mentions légales - Plan du site - Mairie de Louignac Le Bourg 19 310 Louignac